Le financement de l’agriculture en Afrique, un atout majeur pour le développement
posté le 10 janvier 2024 par Michel dans SAS ECOLE DE LA BANQUE ET DE LA MICROFINANCELe crédit à l’agriculture en Afrique
Le financement de l’agriculture est un enjeu fondamental pour le développement agricole en Afrique.
Les spécificités du secteur agricole – infrastructures insuffisantes ou inadaptées, éloignement, risques climatiques, analphabétisme, absence de garanties, défaillance des systèmes judiciaires…- font que les banques, les institutions de microfinance et les institutions financières sont extrêmement réticentes pour intervenir.
Dans le monde de l’agriculture, la durée des prêts est nécessairement longue (moyen ou long terme) que ce soit pour financer la production – il ne peut y avoir de remboursements tant que la récolte n’a pas eu lieu – ou pour financer un équipement lequel pourra être utilisé plusieurs années.
Le contexte
La nécessité de financer l’agriculture en Afrique est toujours énoncée, les activités agricoles constituent le moyen de subsistance d’environ 60 % de la population active du continent.
Un rapport de McKinsey souligne l’importance économique de l’agriculture en Afrique subsaharienne, puisque le secteur contribue à hauteur de 23 % de son PIB, ainsi que son importance sociale, avec une productivité agricole principalement tirée par les petits exploitants.
https://www.mckinsey.com/industries/agriculture/our-insights/winning-in-africas-agricultural-market
Toutefois, le financement direct des activités rurales est considéré par les banques comme coûteux et risqué, et pour cette raison il est resté très limité.
En effet, pour les banques, financer l’agriculture est considéré comme très risqué, pour des activités qui s’exercent dans le secteur informel avec de multiples microstructures.
Pour leur part, les investisseurs disposant de ressources à long terme financent ciblent exclusivement des structures productives et de taille conséquente.
Les banques financent les exportateurs ayant fait leurs preuves en matière de rentabilité et ayant accès aux marchés internationaux.https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/02/15/en-cote-d-ivoire-la-filiere-cacao-passe-a-la-vitesse-superieure_6161978_3212.html
Les risques liés au financement des activités agricoles
L’analyse des risques par une banque fait apparaitre une faible visibilité du fait des 4 risques majeurs :
- Le risque de production
- Le risque des aléas et en particulier l’accès à l’eau
- Le risque de non diversification
- Le risque de commercialisation.
L’accès au financement reste un problème majeur pour les agriculteurs en Afrique subsaharienne
La plupart des agriculteurs n’ont pas les moyens financiers pour acquérir des équipements modernes ou financer des intrants efficaces.
En pratique, pour ce qui concerne l’agriculture vivrière, il apparait que les exploitants assurent l’autofinancement de leurs exploitations agricoles.
Sauf que le plus souvent ils ne disposent d’aucune trésorerie.
La question de la distance entre l’agence bancaire et le lieu de l’exploitation est une contrainte importante quand les routes sont en très mauvais état et peuvent se révéler dangereuse dès lors qu’il y a des transports de fonds.
Et pourtant les financements dont les agriculteurs ont besoin sont souvent de montants élevés et d’une durée longue – moyen ou long terme- que ce soit pour l’acquisition de matériel moderne ou pour les financements généralement demandés :
L’approvisionnement en implants, semences et traitements phytosanitaires, engrais…
L’acquisition des terres ou des animaux
Le financement du matériel
La transformation des produits
L’embouche du bétail
Le transport jusqu’au lieu de consommation, les informations sur les marchés.
Pour un établissement financier, il est nécessaire d’obtenir de rentabiliser son concours. Aussi le prêteur banque ou un établissement de microfinance vont utiliser des techniques spécifiques pour ces financements.
Pour une majorité de producteurs, les services financiers demandés se révèlent couteux car les concours demandés sont de petits montants donc rapporteront peu d’intérêts tandis que l’étude du dossier, le suivi du crédit, les impayés entrainent des frais élevés.
Il est difficile dans ces conditions pour une banque ou un établissement de microfinance de dégager une marge bénéficiaire.
La production de garanties
Les petits agriculteurs du secteur informel sont généralement incapables de fournir des garanties.
Par contre un certain nombre d’agriculteurs ayant accès a des marchés (dont l’exportation) en particulier ceux qui font des cultures de rentes sont en mesure de présenter de véritables garanties.
Ces agriculteurs peuvent présenter des garanties matérielles telles que les titres de propriété, les bâtiments d’exploitation, les équipements, les stocks ou encore les animaux.
Le recours à des fonds de garantie
Le recours à des fonds de garantie peut permettre à la banque de financer des biens.
La constitution d’un fonds de garantie local peut se faire en faisant appel à des dons privés ou publics, ou/et à des garanties locales (entreprises, particuliers, services publics).
Un fonds de garantie peut être spécialisé : par exemple un volet « microentreprise « , et un volet « agriculture et élevage ». Ces fonds de garantie sont constitués au fur et à mesure de l’arrivée des dons.
Le recours aux warrants
Dans la phase de commercialisation, il est possible de recourir aux warrants :
L’agriculture dépose sa production dans un lieu auquel il n’aura pas accès et reçoit un prêt.
Il pourra alors récupérer sa production dès qu’il aura remboursé son prêt.
Ce système repose sur des récépissés d’entreposage (warrantage) qui permettent l’accès au crédit.
Le micro-leasing
Le micro-leasing a pour avantage pour la banque de pouvoir surveiller le matériel loué. Les agriculteurs peuvent louer le matériel agricole ou l’acquérir en leasing.
La pratique de taux d’intérêts élevés
Compte tenu des coûts très élevés de mise en place des crédits, l’une des solutions consiste à pratiquer des taux d’intérêts élevés.
Pour équilibrer le risque, les banques doivent demander des taux d’intérêts très élevés.
Rappelons que le taux d’intérêt doit couvrir obligatoirement les charges de la structure (agence bancaire par exemple avec des frais de personnel, des équipements..), le coût de la ressource (il faut rémunérer le coût de l’argent par exemple les épargnants qui ont permis à la banque de faire le prêt), le coût du risque (les crédits non remboursés) et le nécessaire bénéfice de l’organisme qui a fait le prêt.
Les difficultés majeures pour le financement
La population des agriculteurs présente des profils très différents depuis les petits planteurs vivriers (formant l’essentiel de la population rurale); les planteurs privés de culture d’exportation jusqu’aux sociétés nationales ou multinationales de culture d’exportation (il s’agit de sociétés agro-industrielles exploitant de grandes plantations mécanisées avec des méthodes culturales intensives).
L’épargne en milieu rural
Du fait des aléas, en milieu rural il est nécessaire de développer l’épargne de précaution
L’éducation financière peut aider à créer une culture de l’épargne dans les zones rurales, cette épargne pouvant être utilisée pour mettre en place des prêts aux agriculteurs.
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